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Pour l’abandon du barrage de Sivens et l’ouverture au dialogue !

Communiqué de presse du 30/10/2014

Un rapport d’expertise qui valide les constats des associations sur le projet

Le rapport pointe du doigt ce que nos associations dénoncent depuis plus de deux ans, à savoir l’absence d’étude de solutions alternatives, une étude d’impact et des mesures compensatoires insuffisantes, le surdimensionnement du barrage avec une estimation des besoins établie sur des données obsolètes et un financement douteux.

Il est encore temps d’abandonner le projet, qui ne fait pas consensus malgré des déclarations au plus haut niveau !

Suite à ce rapport l’utilité publique du projet est fortement remise en cause. D’autre part, et malgré les premiers travaux sur le site, la zone humide du Testet est toujours fonctionnelle et peut être restaurée sous condition de l’arrêt des travaux dès à présent. Enfin depuis la reprise du projet en 2011, divers acteurs d’horizons variés ont montré leur opposition et les différents arrêtés préfectoraux liés à cet aménagement ont tous fait l’objet d’une requête sur le fond au Tribunal Administratif.

Aujourd’hui nous demandons au Conseil Général du Tarn de se positionner pour l’arrêt du projet et l’ouverture au dialogue sur les alternatives

Il sera statué sur l’« avenir » du projet vendredi prochain au Conseil Général du Tarn, selon les déclarations de Thierry Carcenac, Président du CG 81. Nous demandons expressément aux conseillers généraux de revoir leur position et d’opter pour l’abandon du projet. Nous souhaitons vivement l’ouverture du dialogue et la prise en considération de nos propositions d’alternatives.

Plus globalement il est urgent de revoir la politique de gestion de l’eau sur le bassin Adour Garonne !

Pour en savoir plus sur ces différents points voir notre dossier de presse ci-dessous.


Contacts :

• Ben Lefetey, Porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, 06 99 26 60 66.
• Thierry de Noblens, Président de FNE Midi-Pyrénées, 05 34 31 97 83.
• Michèle Jund, coordinatrice zones humides de Nature Midi-Pyrénées, 05 34 31 97 90.

Dossier de presse : Pour l’abandon du barrage de Sivens et l’ouverture au dialogue !

Un rapport d’expertise qui valide les constats des associations sur le projet

Le rapport des experts missionnés par la ministre de l’écologie a été rendu public en début de semaine suite à la demande des grévistes de la faim opposants au barrage. Ce rapport a été mis en œuvre pour clarifier les points de contestations du projet. Le rapport pointe toute l’étendue des incohérences du projet, ses insuffisances grossières, et ses irrégularités, parmi lesquelles on trouve :
• une absence de réelle analyse de solutions alternatives,
• un coût d’investissement élevé par rapport au volume stocké,
• une surestimation des besoins en eau de l’ordre de 35% établis sur des données non-actualisées depuis plus d’une dizaine d’années,
• une étude d’impact considérée comme très moyenne, notamment sur les impacts en aval de la retenue,
• des mesures compensatoires insuffisantes,
• un véritable problème de compatibilité entre le projet actuel et les règles d’intervention du programme européen de financement FEADER.

Une lecture attentive de ce rapport d’experts montre que différents scénarii auraient dû être étudiés par les porteurs du projet : le Conseil Général du Tarn et la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne qui a mené les études en amont du projet et actuellement maître d’ouvrage délégué pour la construction du barrage.
Il aura donc fallu plus de deux ans pour que ces constats, pointés depuis le début par le collectif Testet et nos associations (Nature Midi-Pyrénées et FNE Midi-Pyrénées), soient enfin reconnus officiellement !

Historique des principaux constats des associations (par dates) :

Il est encore temps d’abandonner le projet !

Une utilité publique remise en cause !
Le rapport des experts remet clairement en cause l’utilité publique du projet (manque d’alternatives, faiblesse des mesures compensatoires, financements fragiles …) et positionne les responsables de cette entreprise surdimensionnée face à leur négligence, pire leur incompétence.
Une poursuite du projet engagerait clairement la responsabilité de l’Etat et du Conseil Général en cas d’annulation de la Déclaration d’Utilité Publique et de la Déclaration d’Intérêt Général. En effet, l’un des recours au fond déposés par les associations et collectifs opposés au projet concerne la déclaration d’utilité publique (DUP) du 2 octobre 2013. Le barrage risque fort d’être déclaré illégal et les associations vont demander au tribunal administratif de Toulouse de trancher rapidement. Tel fut le cas du barrage de Fourogue dans le Tarn, jugé illégal par la Cour administrative d’appel de Bordeaux en 1999. Evitons que Sivens ne soit un Fourogue N°2.

Une zone humide toujours fonctionnelle même après les premiers travaux
Les déplacements d’espèces et les premiers travaux ont été réalisés dans l’urgence et la pression, sans suivre les prescriptions environnementales et sans autorisation de défrichement 1 ! Cependant au stade actuel la zone humide est toujours fonctionnelle. La zone humide du Testet est alimentée par une nappe de sous-écoulement (premier mètre du sol) issue du bassin versant du Tescou. Tant que le barrage n’est pas construit, la zone humide du Testet peut être restaurée ! Il faudra certes du temps pour qu’une forêt humide recolonise le milieu, mais avec quelques opérations de gestion écologique, les prairies humides et le ruisseau pourront rapidement reprendre leurs fonctionnalités.
Les zones humides jouent un rôle de régulation des débits des cours d’eau : ce sont des éponges qui se gonflent d’eau en période de crue et la restitue en période d’étiage. Et elles ont également un rôle d’épuration et de réservoir de biodiversité.

Plus d’informations sur les rôles des zones humides :
http://www.catezh.naturemp.org/pourquoi-gerer-les-zones-humides/

Un financement fragile
Le rapport soulève un véritable problème de compatibilité entre le projet tel qu’il est actuellement présenté et les règles d’interventions du FEADER ainsi qu’un financement fragile.

De nombreux acteurs qui ne trouvent pas légitime la réalisation de ce barrage
Depuis 2011, l’opposition au barrage rassemble de plus en plus d’acteurs d’horizons variés, locaux ou au-delà de la région, comme en témoignent les soutiens au Collectif Testet : syndicats agricoles, agriculteurs indépendants, élus locaux, personnalités publiques, associations de citoyens et habitants. Le rassemblement du samedi 25 octobre à mobiliser plus de 7000 personnes sur le site, venues de toute la France.

Voir les soutiens au collectif Testet, non-exhaustifs :

Dans quelle mesure la construction d’un barrage financé par des fonds publics – c’est-à-dire payé par chacun de nous – et à destination de quelques-uns, qui de plus, détruit un patrimoine naturel d’exception, est-elle légitime ?

Aujourd’hui nous demandons au Conseil Général du Tarn de se positionner pour l’arrêt du projet et l’ouverture au dialogue sur les alternatives

M. Carcenac a déclaré que les conseillers généraux allaient débattre vendredi des préconisations publiées par les experts et prendre une décision quant à l’avenir du projet. Nous leur demandons expressément de voter l’abandon immédiat du projet dans sa version actuelle et l’ouverture d’un processus multi-acteurs sur les alternatives qui sont plus nombreuses que celles préconisées par les experts. . En effet, les acteurs locaux, en particuliers agriculteurs de la vallée et associations de protection de la nature et de l’environnement, ont des propositions à faire pour l’agriculture de leur territoire. Il serait indécent et inefficace de les écarter des réflexions.

Depuis le début du projet les opposants ont été méprisés par les pouvoirs publics (cf. note sur l’attitude anti-démocratiques des pouvoirs publics sur le projet de barrage de Sivens). Maintenant que les experts leur ont donné raison il faut enfin les associer à la définition de ce projet de territoire.

Pour Ben Lefetey, porte-parole du collectif Testet : « Si les conseillers généraux ne votaient pas la suspension des travaux vendredi, cela reviendrait à tenter un deuxième passage en force en s’asseyant cette fois sur le rapport du Ministère !» (CP du 28/10/2014).

Parmi les alternatives proposées par les associations de protection de l’environnement :
• Approche intégrée de l’eau sur les territoires : reconquête de l’espace de mobilité des cours d’eau, restauration et préservation des zones humides, réflexion sur la place de l’arbre et des haies dans le cycle de l’eau, diffusion des pratiques et systèmes agronomiques qui valorisent le stockage de l’eau dans les sols notamment grâce à l’humus (cultures sous couvert végétal permanent, agriculture biologique…).
• Les économies d’eau à travers le choix des cultures (sorgho, tournesol…), le choix variétal (maïs à cycle plus court…), des pratiques agronomiques (couverture agro-végétale, agroforesterie…) et des pratiques d’irrigation adaptées (utilisation du matériel, performance des équipements…).
• Des contrats de longue durée avec les collectivités territoriales pour fournir la restauration collective.
• Des petites réserves d’eau au niveau des fermes qui en sont dépourvues.

• Optimisation des retenues collinaires existantes.

Les agriculteurs de la vallée sont également forces de proposition.

Plus d’informations sur les alternatives proposées par les associations :

Plus globalement il est urgent de revoir la politique de gestion de l’eau sur le bassin Adour Garonne !

En effet, le rapport des experts remet en cause la gestion de l’eau sur le bassin Adour Garonne via les Plans de Gestion des Etiages (PGE), qui ne l’abordent que sous l’angle quantitatif. Les PGE, utilisés en France sur le seul bassin Adour Garonne, sont aujourd’hui totalement dépassés à l’heure de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) et des Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE). La DCE et les SAGE prônent une gestion intégrée de l’eau et des milieux aquatiques et humides. C’est le discours des associations de protection de la nature depuis 20 ans.

1 Voir les communiqués de presse des 21/01/2014, 04/03/2014 et 10/09/2014.