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Des nouvelles de l’observatoire des forêts commingeoises!

Depuis 2015, la réactivation de l’Observatoire des Forêts Commingeoises de l’association Nature Comminges permet de mener à bien des actions de préservation et de veille écologique qui pour-raient inspirer d’autres départements de la chaîne pyrénéenne. L’embauche de Philippe Falbet par FNE Midi-Pyrénées permet de mener à bien plusieurs projets, dans le cadre de sa mise à disposition à l’association Nature Comminges pour la totalité de son contrat.
Le but de l’Observatoire est de contribuer à la reconnaissance et la préservation des espaces fores-tiers à forte naturalité dans le Comminges et à la protection des espèces forestières qui y sont liées.
Les 3 moyens d’actions sont :
– des actions de veille écologique, et ce grâce à la coopération avec différents organismes et com-munes,
– des actions de sensibilisation,
– des actions de protection avec des créations souhaitées d’ilots de sénescence, des études et des mobilisations sur le terrain.
Dans la pratique, ces trois volets se mèlent, se répondent, se complètent.
Voici un résumé des principales actions menées depuis Juillet 2015.

Une collaboration fructueuse avec l’incontournable Office National des Forêts

crédit photo Philippe Falbet

Plus de 90 % des forêts de la haute chaîne dans le 31 sont publiques.
Plusieurs rendez-vous avec la direction de l’ONF à Foix ont permis de fixer le cadre d’un partenariat.

De nombreuses actions de veille écologique en amont des coupes ont été permises grâce à la col-laboration des agents de l’ONF de Saint Gaudens. Ainsi, dans les zones sensibles (forêts matures, zones de quiétude de la faune et sites vitaux de Grand tétras) il a été possible de suivre des marte-lages notamment une parcelle près du col d’Artigascou à Melles (les arbres martelés sont ceux qui vont être coupés), de pointer et d’analyser des créations possibles de pistes (Forêt communale de Luchon, projet du bois de l’Artigon via une hêtraie tétard remarquable, élargissement d’une piste sur un itinéraire ours côté ariégeois), de vérifier la prise en compte d’espèces floristiques rares (Forêt de Boutx), et de s’assurer de la mise en repos de parcelles répertoriées en tant que vieilles forêts pyré-néennes et zones d’hivernage de faune.

Ilots de sénescence : Actuellement, nous sommes en train d’étudier deux sites en zone Natura 2000 pouvant bénéficier d’un levier financier à travers une fiche action pour la conservation d’îlots de bois sénescents (durée de la mesure : 30 ans de non exploitation). Le montage de ces actions est complexe car ces contrats forestiers, à mettre au conditionnel, seraient une première en Midi Pyré-nées. Ces ilôts permettraient de protéger des habitats matures refuges d’espèces prévus en exploita-tion (câble ou piste à tracteur) dans une forêt communale et une forêt domaniale. L’enveloppe fi-nancière, pouvant aller jusqu’à 4000€ l’hectare, représenterait un atout non négligeable pour la valo-risation de ces aménités forestières, notamment auprès de la commune concernée. Nature Com-minges pourrait être consultée officiellement à titre d’expert en 2017, l’ONF étant le porteur des projets.

Etudes de plans d’aménagement des forêts publiques : Les plans d’aménagement forestier prévoient les coupes et zones en repos d’un massif forestier pour 20 ans.
L’ONF nous a envoyé en 2016 la liste des forêts pour lesquelles les plans d’aménagement forestier allaient être révisés, à titre consultatif. Cette démarche nous paraît particulièrement intéressante, car elle permet d’intégrer des données naturalistes en amont de la rédaction des documents d’aménage-ment, mais aussi car elle peut permettre une lecture supplémentaire des milieux naturels et de ses espèces in situ par les personnels de terrain concernés. Ce printemps, nous avons formulé des re-commandations sur 15 massifs forestiers.

Vieilles forêts pyrénéennes

Un partenariat informel entre l’association et Jean Marie Savoie, responsable du projet « vieilles forêts des Pyrénées » du GEVFP (Groupe d’Etudes des Vieilles Forêts Pyrénéennes) a permis plu-sieurs actions ciblées :
– Inventorier de nouvelles « vieilles forêts » privées en piémont (Payssous, Génos, Saint Bertrand de Comminges, etc),
– Journée de sensibilisation en vieille forêt à Melles, encadrée par Jean Marie Savoie, en présence du Service Forêt de la DDT 31,
– Journées de sensibilisation en salle ou in situ pour des étudiants (BTS GPN notamment),
– Faire le lien avec l’ONF pour la prise en compte de ces milieux.
L’ONF a pris dernièrement des initiatives intéressantes, comme la décision d’annexer à tout nouveau plan d’aménagement de forêt de montagne le périmètre des vieilles forêts du massif concerné, ou encore l’élaboration d’une cartographie globale croisant le parcellaire des forêts publiques et des vieilles forêts (document de travail qui a été mis à notre disposition).

Espèces emblématiques

Le territoire de l’ours est indissociable des espaces forestiers à haute naturalité. L’Observatoire et les membres du Réseau Ours Brun échangent très fréquemment des données de terrain et travaillent de concert. Le Grand tétras fréquente les lisières supérieures de forêts matûres. Une collaboration avec l’ONCFS et une veille écologique auprès des acteurs concernés, nous permettent de réaliser plusieurs actions, comme la mise en place de plaquettes de visualisation sur des clotures dangereuses, la recherche d’indices de présence et la compilation de données, la négociation de dispositifs anti collision sur des lignes téléphoniques de refuges, la pose de clotures girondines par des stations de ski.

Plaquette de sensibilisation au dérangement de la faune lié au tourisme de montagne

Ce projet a été financé par la Fondation Nature et Découvertes.
Notre objectif est de porter à la connaissance des usagers occasionnels de la montagne l’existence d’espèces qui peuvent souffrir de dérangements dus à leur pratique ; de conseiller des gestes et atti-tudes simples permettant de respecter la faune sauvage, en présentant 2 périodes-clé : L’hiver, pé-riode de sensibilité maximale, et la fragile période de reproduction qui dure jusqu’en septembre.
Une plaquette de 8 pages de format A5 (soit 1/2 A4, dépliant à l’italienne) en quadrichromie, repro-duite en 5000 exemplaires, est distribuée au cours de l’année 2016, grâce à des actions ponctuelles : stands sur les marchés et fêtes de la montagne, trails, conférence à l’aéroclub de Luchon, dans les clubs de randonnée, distribution aux accompagnateurs de montagne, etc.

crédit photo Michel Bartoli

Veille écologique : Montée en puissance des trails

Les courses de montagne (trails) deviennent très populaires, et passent parfois par des zones très sensibles comme les lisières supérieures de forêt en période de reproduction ou d’élevage des jeunes. Nous avons rencontré les organisateurs et obtenu une modification d’une boucle du trail du Mourtis (14 mai 2016) hors des zones de reproduction du grand-tétras et des aires de rapaces ; puis, nous avons demandé et obtenu l’engagement des organisateurs pour favoriser la quiétude de la faune pour le trail du Cagire (05 juin 2016).

Coupes rases en forêt privée ou communale

En Haute Garonne, il est interdit de procéder à une coupe rase, ou une coupe prélevant plus de la moitié des arbres de la futaie, sur plus de 1 hectare sans autorisation administrative. La DDT, police forestière, veille à ce que cette règle soit respectée. Nous lui avons déjà signalé deux coupes pour enquète, le traitement de l’une d’elles étant en cours, avec une demande de remise en état. Tout membre de Nature Comminges est invité à faire remonter le constat de coupe abusive afin de le signaler à la DDT.

Proposition de Réserve de biosphère autour du massif du Crabère

Le Crabère délimite le Val D’Aran, l’Ariège et la Haute Garonne. Le site pressenti, de 300 km², présente des fonctionnalités écologiques cohérentes, est suffisamment vaste, avec une naturalité hors du commun sur un territoire aux activités encore extensives. L’un des objectifs prioritaires est de protéger des espaces forestiers rares à très haute maturité. Initiateur du projet, l’association Nature Comminges suggère, pour la partie Haute Garonne, que ce projet ambitieux de Réserve soit choisi comme l’une des priorités du volet « nature » du futur PNR Pyrénées Comminges. Ce dernier disposera des moyens nécessaires pour créer une telle réserve en son cœur, en même temps que sa propre création, dans une dynamique gagnant-gagnant où la réserve de biosphère sera l’élément écologique fort et original de sa future charte, au service d’un projet de territoire positif et innovant. Un premier document a été élaboré, François Arcangeli (porteur du projet de PNR) l’a accueilli très favorablement. Une première rencontre a eu lieu avec des acteurs enthousiasmés dans le Val D’aran.

Toutes ces actions et d’autres, sont possibles grâce à l’engagement d’une équipe de bénévoles motivés. Si vous habitez dans le sud de la Haute Garonne et que vous souhaitez nous rejoindre, n’hésitez surtout pas à me contacter !

D’autre part, un Réseau Forêt avec des actions communes entre plusieurs associations de la chaîne (CEA, Comité Local 65) est en train de se structurer, autour de questions comme par exemple :
– une position claire au CDCFS sur l’examen des fourchettes de plans de chasse cervidés
– Des propositions d’orientations de gestion forestière dans les zones sensibles (faune, flore) des forêts domaniales exploitées, pour une meilleure prise en compte de la biodiversité. Celles-ci seraient à faire évoluer, au vu des apports conséquents d’études scientifiques récentes. Ces forêts appartenant à l’État, la société civile a son mot à dire !
Si vous êtes intéressé, là aussi, par l’un de ces thèmes pour y contribuer ou les porter dans votre association, n’hésitez surtout pas à vous manifester …

crédit photo Philippe Falbet

Philippe Falbet
p.falbet@www.fne-op.fr