Communiqués / Avis

FNE Midi-Pyrénées interpelle le Gouvernement !

Abrogé par le Conseil d’Etat le 7 juillet 2016 pour un vice de procédure, l’arrêté du 12 septembre 2006 relatif à la mise sur le marché et à l’utilisation des phytosanitaires* (pesticides utilisés en agriculture) est en cours de révision. Une procédure qui associe les syndicats agricoles, mais laisse de côté les associations agréées de protection de l’environnement tel le Mouvement FNE. Celles-ci ne seront consultées que lorsque les quatre ministères concernés (agriculture, environnement, santé et économie) se seront mis d’accord. Autant dire qu’il ne restera alors que très peu de marges de manœuvre. Peut-on laisser, seule, la FNSEA décider de ce qui est nécessaire pour protéger la santé publique ?

Protéger les riverains dans leur maison… et aussi dans leur jardin !

Dans le projet d’arrêté, sont en jeu les fameuses « zones non traitées », ces distances de sécurité à mettre en place à proximité des points d’eau, des forêts, mais aussi des habitations, sans oublier les jardins qui les entourent. Est-il concevable que l’on autorise la pulvérisation des pesticides à 5 mètres d’une habitation où peuvent se trouver des jeunes enfants et des femmes enceintes ? Nos associations demandent une distance de sécurité efficace le long de toute zone cultivée de manière intensive et bien évidemment des distances encore plus importantes quand on se situe en secteur d’arboriculture.

La contamination de l’eau et de l’air est avérée.

Aujourd’hui pour 92 % des points d’eau surveillés en France, la présence de pesticides est avérée. En 2012, d’après l’Agence de l’eau de notre bassin, 95% des stations de rivière détectaient au moins une molécule phytosanitaire.
Quand on fait des mesures dans l’air on trouve aussi des phytosanitaires. La présentation de l’étude de l’ORAMIP en avril 2016 nous a bien démontré la présence de molécules tant sur en zone de grandes cultures de la Haute-Garonne qu’en zone urbaine dans le Gers. En zone de grandes cultures, le panel de molécules présentes étant plus large et les concentrations jusqu’à 3 fois plus fortes. De même l’étude de l’ORAMIP en 2013 à Douelle, au cœur du bassin viticole lotois, avait été probante quant à la présence de phytosanitaires dans l’air au cœur même du village, les mesures se déroulant dans la cour de l’école primaire.

Les effets sanitaires ne peuvent être sous estimés.

Rappelons que les effets sanitaires des phytosanitaires, même si nous savons pas tout, ont été caractérisés dans le cadre d’une expertise collective de l’INSERM** (juin 2013) : on peut y lire « D’après les données de la littérature scientifique internationale publiées au cours des 30 dernières années et analysées par ces experts, il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non hodgkinien, myélomes multiples). Par ailleurs, les expositions aux pesticides intervenant au cours des périodes prénatales et périnatale ainsi que lors la petite enfance semblent être particulièrement à risque pour le développement de l’enfant. »

Il est temps d’agir !

Pour José Cambou, Vice-présidente de FNE Midi-Pyrénées « Nous attendons du Gouvernement des décisions à la hauteur des enjeux de santé publique. » Comme le rappelle Denez L’Hostis, président de FNE « La loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt avait commencé à prendre en compte les personnes les plus vulnérables (crèches, hôpitaux, maisons de retraite…) pour les épandages de pesticides. Là, il s’agit enfin de protéger toute la population, à commencer par celle des agriculteurs et de leurs familles qui sont les premières victimes, et de restaurer ces règles minimales de protection de notre environnement. Il n’est plus l’heure de tergiverser sur ces questions ! »


*https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000425570

**http://www.inserm.fr/actualites/rubriques/actualites-societe/pesticides-effets-sur-la-sante-une-expertise-collective-de-l-inserm