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14/ Donner une nouvelle vie aux objets du quotidien

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La Ressourcerie de Foix (en Ariège) est un lieu qui donne une nouvelle vie aux objets du quotidien destinés à être jetés et qui les valorise. Ouverte depuis octobre 2015 et gérée par l’association « De la Ressource à la Clé », elle a pour objectif la réduction des déchets.

Rappel : la gestion des déchets en Occitanie

Source : “La gestion des déchets en Midi-Pyrénées 2009-2010”, Observatoire régional des déchets en Midi-Pyrénées

Le terme de « gestion des déchets » englobe, de manière générale, toute activité participant à l’organisation de la prise en charge des déchets depuis leur production jusqu’à leur traitement final. Elle inclut notamment les activités de collecte, transport, négoce et traitement – valorisation ou élimination – des déchets. Chacune de ces activités est encadrée par le Code de l’environnement. Les déchets non dangereux font l’objet d’une planification départementale et les déchets dangereux d’une planifiction régionale.
La loi établit une «hiérarchie des modes de traitement des déchets» : celle-ci classe en priorité la prévention et la réduction des déchets, ainsi que le réemploi. Viennent ensuite la réutilisation, le recyclage, la valorisation et enfin l’élimination.
La réutilisation vise à remettre en état des objets d’occasion pour qu’ils soient utilisés à nouveau sans autre opération de traitement. Il s’agit souvent d’appareils électroménagers, de pièces de véhicules hors d’usage, etc.
Le recyclage concerne toutes les opérations de valorisation par lesquelles les déchets sont retraités, soit pour remplir à nouveau leur fonction initiale, soit pour d’autres fonctions. Ils proviennent soit des entreprises (chutes de production, production mise au rebut, équipements hors d’usage et emballages industriels ou commerciaux), soit des ménages (emballages, journaux et équipements en fin de vie, tels que les véhicules et appareils électriques hors d’usage).
La valorisation énergétique consiste à récupérer et à valoriser l’énergie produite lors du traitement des déchets sous forme de chaleur, d’électricité, de carburant. On peut distinguer deux sortes de valorisation énergétique : la valorisation par traitement thermique (incinération) et la valorisation organique. Cette dernière concerne les déchets biodégradables (déchets verts, alimentaires, etc.) et elle prend la forme soit de compostage soit de méthanisation. La méthanisation est un processus de décomposition de la matière organique contenue dans les déchets biodégradables, qui, en l’absence d’oxygène, produit du biogaz transformant cette matière en du digestat, qui peut être alors utilisé comme du compost.
L’élimination est réservée aux déchets « ultimes » pour lesquels aucune autre valorisation n’est possible. Elle consiste à les incinérer ou à les stocker dans une décharge.


Schéma : La gestion des déchets à Foix avec la Ressourcerie

La France compte 128 incinérateurs en service, soit un quart du parc européen. Selon l’Ademe, 30% des déchets gérés par les collectivités sont incinérés, et autant sont envoyés en décharge, alors que seulement 20% sont recyclés et 15% sont compostés . Or l’incinération génère des émissions de polluants atmosphériques (dioxines, métaux lourds, etc.) qui, sur le long terme, peuvent avoir un impact sur la santé. La gestion des déchets représente 4 % des émissions de gaz à effet de serre , principalement dues au méthane non capté émis par les installations de stockage.
La réduction des déchets est donc un impératif auquel il est possible de répondre notamment en prolongeant la durée de vie des produits et en repensant la manière dont nous les utilisons.
C’est dans cette réflexion que s’inscrit l’initiative portée par Loïc Gerland, co-directeur de la Ressourcerie de Foix, après avoir constaté que beaucoup d’objets destinés à la déchèterie étaient encore en bon état et qu’il y avait peu de solutions locales pour leur donner une seconde vie. Désireux de réduire au maximum ces déchets et de limiter l’encombrement des déchèteries, Loïc a initié ce projet fin 2015, pour aboutir aujourd’hui à une ressourcerie fonctionnant en autogestion, avec l’appui de trois salariés, une volontaire en service civique et une dizaine de bénévoles actifs.

A quoi sert une ressourcerie ?

Une ressourcerie est un lieu où l’on peut apporter les objets dont on souhaite se débarrasser (vêtements, meubles, vaisselle, vélo, etc.) pour qu’ils soient revendus à petits prix.

Chacun peut venir à la Ressourcerie de Foix y déposer des objets, l’équipe peut aussi se déplacer pour venir chercher sur demande le mobilier volumineux. Ces objets sont ensuite nettoyés et vérifiés par les bénévoles, réparés si nécessaire, puis mis en rayon pour être vendus à prix réduits. L’entrepôt de la Ressourcerie de 800m² est divisé en plusieurs catégories : vêtements, électroménager, mobilier, etc. Chaque catégorie est gérée un bénévole qui est donc chargé de remettre les produits en état et de leur mettre un prix.

L’investissement des bénévoles est indispensable à la réussite de la Ressourcerie



L’objectif principal d’une ressourcerie : la « valorisation » des déchets

L’équipe de la Ressourcerie a distingué plusieurs états pour les objets :
– Etat 1 : brut, nettoyage : objet en état, besoin au plus d’un simple nettoyage;
– Etat 2 : réparation : objet dysfonctionnant qui nécessite une intervention;
– Etat 3 : relooking : objet non valorisable en l’état, pouvant néanmoins être réutilisé pour être transformé ou pour servir de matière à cette fin;
– Etat 4 : démantèlement pour pièces détachées : objet au final non valorisable en utilisation directe, démonté pour récupérer les pièces;
– Etat 5 : rebut (objet s’avérant non utilisable, jeté à nouveau en déchèterie).


Le cycle des objets. Source : étude sur la viabilité de la Ressourcerie de Foix, septembre 2015

L’association œuvre surtout à la valorisation des déchets, ce qui suppose au préalable un tri, un contrôle et un nettoyage des objets récupérés, en vue de les vendre en boutique. Les éventuelles réparations sont faites si les bénévoles ont les compétences techniques et si le prix de vente de l’objet compense le temps passé en réparation. C’est la raison pour laquelle l’équipe préfère récupérer seulement les objets qui ne sont pas trop dégradés.

A la Ressourcerie de Foix, chaque article est pesé à son arrivée et à sa sortie, ce qui permet de susciter des questionnements de la part des usagers et donc une discussion sur la réduction des déchets. Car c’est le but principal : arriver à sensibiliser le plus grand nombre à la protection de l’environnement et au rôle que chacun peut avoir en diminuant ses déchets.


La spécificité de la Ressourcerie de Foix : ses ateliers de réparation ouverts à tous

“L’acceptation peu sélective des objets peut créer un biais dans le comportement des usagers, remarque Loïc, car ils vont avoir tendance à se débarrasser de leurs objets dès lors qu’ils sont obsolètes ou démodés, en les déposant certes à la Ressourcerie… mais pour aller en acheter des nouveaux en grande surface. Or l’enjeu de l’association reste le zéro déchet ». D’où l’idée de sélectionner davantage lors des dépôts et de mettre en place des ateliers publics de bricolage, pour leur permettre de réparer leurs propres objets en amont.
De plus, après quelques mois de fonctionnement, la Ressourcerie de Foix a constaté que les dépôts étaient plus nombreux que les achats. Ces constats ont poussé l’équipe à mettre en place des animations sous forme d’ateliers-bricole dans l’idée de rendre tout le monde capable de réparer et/ou d’entretenir soi-même son matériel avant qu’il ne devienne défectueux.

Chaque mois, la Ressourcerie organise trois ateliers différents : sur la couture, le bricolage et la réparation de vélo. Ces ateliers, ouverts à tous, sont animés par des bénévoles dans une logique de transmission de savoir-faire. Le principe de ces ateliers est de venir avec ce que l’on souhaite réparer ou raccommoder (vêtements usés, petit électroménager défectueux, vélo en mauvais état, etc.), et de repartir avec son objet, prêt à être à nouveau utilisé. « A quoi ça sert d’aller acheter un nouveau grille-pain si vous pouvez réparer celui qui pourrait très bien re-fonctionner ? » explique Justine, volontaire en service civique en charge de la vie associative.
Dans cette optique, il existe aussi des ateliers ponctuels spécialisés en fonction des envies des participants et des bénévoles. Ce sont souvent des ateliers de création, par exemple la fabrication de jardinières en palettes, la customisation de vêtements, du relooking de meubles, la fabrication de luminaires, etc.

« Ces ateliers ont pour but de réduire les déchets en rendant les personnes plus autonomes chez elles face au matériel, notamment électrique, pour faire en sorte que les objets continuent de vivre le plus longtemps possible », explique Justine.


95% de déchets évités : l’impact de la Ressourcerie de Foix sur la gestion des déchets

Grâce à la pesée des entrées et des sorties, la Ressourcerie a pu faire un bilan quantitatif de son activité. En 2016, ce sont plus de 50 tonnes d’objets qui ont été collectées. Sur ces 50 tonnes, 20 tonnes ont été revendues, ce qui représente une réduction immédiate des déchets, 5 tonnes ont été traitées dans les filières de recyclage et seulement 1 tonne a été reclassée en déchet ultime, c’est-à-dire en enfouissement , ce qui représente à peine 5% des produits arrivés. Cela révèle le réel impact du travail de la Ressourcerie sur le tri et la réduction des déchets.
Le syndicat local des déchets (le Syndicat Mixte de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères du Plantaurel -Smectom) les a mandaté pour réaliser une étude auprès de quatre déchèteries pour définir le potentiel de réemploi. Le résultat montre que, selon les filières de tri, 6 à 35% des objets considérés comme des déchets sont réutilisables. L’étude met en lumière le potentiel important de réemploi dans les déchèteries ariégeoises : chaque année 1300 tonnes de déchets pourraient être évitées.


Les partenariats avec les autres structures locales

Preuve du rôle croissant que tient la Ressourcerie de Foix dans la gestion locale des déchets, l’association travaille avec plusieurs acteurs du réemploi et structures du territoire. Elle collabore notamment avec la Communauté de communes du Pays de Foix, qui gère la déchèterie. Elle a soutenu l’association dès le départ en lui autorisant l’accès à la déchèterie afin de rencontrer les usagers et prélever directement les objets. Elle leur a également mis à disposition un véhicule de collecte, ce qui permet à l’équipe d’aller chercher le mobilier lourd ou volumineux pour les habitants qui en font la demande.
Concernant le secteur textile-linge-chaussures, la Ressourcerie travaille en partenariat avec l’entreprise d’insertion Vertex qui collecte les vêtements invendus pour les donner ou pour en faire un matériau d’isolation de bâtiment . Le matériel informatique fait l’objet d’un partenariat avec le centre de tri du Plantaurel qui reprend ce qui est non valorisable.
La Ressourcerie s’est aussi investie sur de nombreux événements (fêtes des initiatives à Tarascon, Semaine de la réduction des déchets, etc.) et a soutenu matériellement des festivals (Résistance, Foix’R’de Rue, bal de Mireille). Dans le cadre de ses actions sociales, elle a également répondu à de nombreuses demandes de mobilier dans le cadre du Fond Social Logement de la CAF et a contribué à l’ameublement pour l’accueil des réfugiés (en lien avec des associations d’accueil des personnes réfugiées). Elle a aussi impulsé la première rencontre des acteurs de la prévention des déchets en Ariège, à laquelle ont participé des représentants du Conseil Régional, du Conseil Départemental, le syndicat de gestion des déchets du Plantaurel, des associations locales, etc.
« La réduction des déchets, c’est la motivation qui nous rassemble. Nous espérons tous que d’ici quelques années, nous n’aurons pas besoin d’un centre d’enfouissement en Ariège et que nous arriverons très vite à une politique globale de zéro déchets », concluent Loïc et Justine.

Le saviez-vous ?

L’Europe pourrait créer 200 000 emplois non délocalisables si elle généralisait la réparation ou le réemploi des objets du quotidien, selon un rapport du Parlement européen publié en juin 2017 .
Selon le rapport, « dans le secteur de la réutilisation et de la réparation, le potentiel de création d’emplois est estimé à 296 emplois pour l’équivalent de 10 000 tonnes de biens usés. Sachant qu’un tiers des biens collectés dans les centres de recyclage des déchets pourraient être réutilisables, c’est plus de 200 000 emplois locaux qui pourraient être créés si seulement 1 % des déchets municipaux en Europe étaient préparés pour la réutilisation ou le réemploi ». Parmi les préconisations soumises au Parlement européen, figurent notamment l’interdiction en Europe de l’obsolescence programmée des objets, ainsi que les produits dont les pièces essentielles ne peuvent être remplacées.