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Fiche n°13 : Un centre de formation en éco-construction

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BATIPOLE en Limouxin est un centre de formation axé sur la construction écologique et durable, basé à Saint-Martin-de-Villereglan dans l’Aude. Créé en 1990, Batipole est géré par une association qui compte environ 20 salariés et comprend trois sites de formation (à St Martin de Villereglan, à Quillan, et à Lézignan-Corbières). Les formations sont articulées autour d’une pédagogie active et sont ouvertes à tous, notamment aux personnes en reconversion professionnelle et aux demandeurs d’emploi.
Batipole propose plusieurs formations sur quatre secteurs : conduite d’engin, logistique, métiers du secteur tertiaire, et bâtiment. C’est sur ce dernier secteur que porte la fiche technique. Nous avons rencontré Damien Grumbach, le coordinateur pédagogique des actions de formation bâtiment.



BATIPOLE, UN ACTEUR MAJEUR DE LA FORMATION EN ECOCONSTRUCTION DANS LA REGION

Sur le secteur de la construction écologique, plusieurs formations sont proposées à Batipole.
Tout d’abord, les personnes qui ne connaissent pas ou peu le secteur du bâtiment ont la possibilité de suivre un « cap métier », autrement dit une formation courte dédiée à la découverte des métiers du bâtiment.
Ensuite, pour les personnes souhaitant connaître les métiers liés à la construction en bois, Batipole propose une formation diplômante ayant pour objectif la maitrise de la préfabrication et de la construction de maison avec une ossature en bois.
En restauration du patrimoine, le centre Batipole propose aux stagiaires la formation « ouvrier professionnel en restauration du patrimoine » où l’objectif est d’acquérir les compétences pour rénover des bâtiments en pierre et avec une charpente traditionnelle.
Une autre formation, portée par la Fédération Eco-construire, forme des ouvriers qualifiés en maçonnerie et en construction bois, avec un aspect écologique : on y enseigne par exemple la maçonnerie de terre crue, l’économie sur le cycle de vie des matériaux, etc. L’objectif est de former des ouvriers professionnels, capables d’exécuter des travaux de construction d’habitat individuel ou de petit collectif, d’améliorer la sobriété énergétique et enfin d’utiliser des matériaux respectueux pour l’environnement et la santé.
Enfin, Batipole forme aussi les stagiaires pour être chef d’équipe en construction écologique.
Un tronc commun à chacune des formations est prévu pour acquérir la connaissance de certains matériaux essentiels (terre crue, isolation en paille, etc.) et de programmes techniques tels que Praxibat, c’est-à-dire l’ensemble des informations à connaître pour être capable d’isoler une maison en utilisant les matériaux écologiques.





Zoom sur : les formations « Ouvrier en éco-construction » et « Technicien des bâtiments basse consommation »

Ouvrier Professionnel en éco-construction (OPEC)

Grâce aux 1200 heures de cours dont 400 en stage, l’apprenant en filière « ouvrier professionnel en écoconstruction » apprend les bases nécessaires à la pratique des métiers du gros œuvre (constructeur bois, maçon etc.) ainsi qu’à la maitrise des matériaux géo/bio-sourcés . Il découvre également les techniques de mise en œuvre des matériaux, tout en pouvant expérimenter des situations de travail sur des chantiers-écoles. Quelques éléments du programme de formation peuvent donner une idée de ce que le stagiaire suivra lors de son année d’études : organisation de chantier (lecture de plans, implantation, approvisionnement…), maçonnerie (fondation, dalle, enduits…), ossature en bois (planchers, toitures, charpentes simples…), enveloppe du bâtiment (isolation bio-sourcée, étanchéité à l’air, gestion de l’humidité et de la vapeur d’eau).

Chef d’équipe en éco-construction

En suivant la filière « Chef d’équipe en éco-construction», l’apprenant acquiert une connaissance solide des nouveaux matériaux d’isolation thermique et phonique, de leurs performances, de leur impact sur l’environnement et leur mise en œuvre. Il apprend également à réaliser une enveloppe étanche et isolée (isolation thermique intérieure et extérieure, étanchéité à l’air et gestion de vapeur d’eau, interfaces et liaisons) et des espaces nécessaires à l’intégration des équipements techniques et des réseaux (chauffage, ventilation, équipement électriques, etc). Cette formation permet de répondre aux enjeux du Grenelle de l’environnement et de la règlementation thermique.


Trois anciens stagiaires témoignent de leur expérience à Batipole :

Cédric Chenu a suivi ces deux formations à Batipole. Aujourd’hui, il travaille pour le magasin « EcoMaison » qui est pour l’instant le seul magasin du territoire à proposer des matériaux écologiques pour la construction. A travers son passage à Batipole, Cédric a pu « avoir accès à un partage de savoir-faire de la part des partenaires sur tout ce qui gravite autour de l’écoconstruction, que ce soit sur la technique, l’étanchéité à l’air, la terre crue, la construction en bois, etc ». Le lien avec le centre de formation perdure puisqu’il accueille aujourd’hui des stagiaires dans son entreprise et compte parmi ses clients des professionnels formés à Batipole qui viennent s’approvisionner en matériaux.

Après avoir fait la formation de base pour découvrir le milieu de l’écoconstruction, Lou Jomier a suivi la formation Technicienne bâtiment basse consommation. Ayant fait des études complétement différentes auparavant, Lou avait « envie de découvrir comment fonctionne un bâtiment de A à Z. » Elle a pu se rendre compte « comment il est possible de gérer tout un ensemble de problématiques (sociales, économiques, etc.) rien qu’à travers l’axe de la construction ». A travers la participation aux ateliers pratiques et aux chantiers, Lou fait part d’un constat que de nombreux anciens stagiaires partagent, celui qu’ « en travaillant la matière, on apprend beaucoup sur soi ».

« Avant d’intégrer le centre de formation, je travaillais en tant qu’ouvrier dans la restauration de monuments anciens suite à mon Brevet professionnel en maçonnerie. La formation OPEC à Batipole m’as permis de découvrir des modes de construction permettant tout à la fois de respecter l’environnement, d’isoler et d’apporter le confort nécessaire. Notamment la construction avec des bottes de paille, qui isolent très bien et stockent du CO2. J’y ai découvert aussi l’utilisation de la terre crue sous différentes formes avec des propriétés très intéressantes comme la gestion de l’humidité et le stockage de la chaleur » explique Alex Jobard. « Aujourd’hui installé à mon compte en Alsace, je mets en oeuvre dans mes chantiers ce que j’ai appris en formation, comme des enduits en terre ou l’isolation au chanvre ».

Damien Grumbach explique que « les formations s’adressent à un public assez large. En priorité aux demandeurs d’emploi », mais aussi aux artisans en reconversion professionnelle, ou aux professionnels du bâtiment en conventionnel souhaitant se diriger vers la construction écologique.

Concernant les formateurs, tous ne sont pas issus de la construction écologique. Beaucoup ont eu plusieurs parcours professionnels et ont rejoint le centre car la formation est un point de convergence entre plusieurs préoccupations telles que le retour à l’emploi, la question environnementale, la dimension humaine et l’envie de transmettre un savoir. Les autres intervenants sont des artisans qui ont été ou sont encore des spécialistes du bâtiment et qui attribuent une partie de leur emploi du temps à la formation.





LE CHOIX D’UNE PEDAGOGIE ACTIVE

A Batipole, les formations alternent les temps de transfert théorique et pratique. C’est ce qui fait sa particularité par rapport à d’autres centres de formation : à l’intérieur du centre, « il y a un petit village de modules qui répondent aux besoins de formations » explique Damien Grumbach.

Pour le coordinateur pédagogique, il s’agit de « mettre les stagiaires en face de chantiers concrets, réalisés directement sur le centre », et de leur faire fabriquer les outils présents sur les plateaux techniques qui serviront aux suivants et qui sont toujours évolutifs. « Ce sont en fait des allers-retours entre la salle de classe et les ateliers en extérieur pour les gestes pratiques. A cela s’ajoutent les périodes de stage en entreprise ».

Par ailleurs, les coordinateurs pédagogiques ont pour perspective de développer des formations très courtes, sur cinq jours, pour les artisans qui ont des besoins très spécifiques et qui n’ont pas le temps de se déplacer. Ils souhaitent également renforcer les projets actuellement en cours à l’échelle nationale et européenne pour porter à plusieurs les enjeux de la construction écologique.


L’ECOCONSTRUCTION, UNE SOLUTION D’AVENIR DEJA OPERATIONNELLE POUR LE SECTEUR DU BATIMENT

L’impact du bâtiment dans le réchauffement climatique

Actuellement, le secteur du bâtiment représente 25% des émissions de gaz à effet de serre et 45% de la consommation d’énergie finale régionale, principalement pour les besoins de chauffage et de climatisation, devant les transports .
Face à ce constat, la région Occitanie a pour ambition de devenir la première région à énergie positive d’Europe d’ici 2050.

L’une des manières d’y parvenir, c’est de renforcer l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés, car les matériaux de construction, de façon générale, sont destinés à être incorporés de façon durable dans un bâtiment. Ils comprennent les matériaux de gros œuvre (murs, planchers, poutres…) et ceux de second œuvre (isolants, menuiseries, cloisons, volets, revêtements de sols, peintures…). Aujourd’hui, ils sont à l’origine de plus de 50% des émissions de gaz à effet de serre d’un bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie.

Les principaux matériaux d’éco-construction dans la région

  • La paille

La paille se compose de tiges coupées de certaines céréales (blé, orge, avoine, seigle, riz). Dans la construction, elle est principalement utilisée comme isolant, où les bottes de paille sont utilisées comme remplissage des murs extérieurs, intérieurs, des toitures, des combles et des cloisons. La paille de blé compressée constitue un isolant thermique et phonique performant et régule l’humidité des pièces en assurant la respiration du matériau. Elle peut aussi être combinée avec de la terre crue selon différentes techniques (torchis, adobe , bauge, enduits). « Dans notre centre, on apprend comment réaliser une isolation en utilisant les bottes de paille, qui est une matière première renouvelable, abondante et accessible localement, et qui en plus stocke du carbone » explique Damien.


Les règles professionnelles de construction en paille

« Les règles professionnelles de construction en paille » rédigées par le RFCP (Réseau Français de la Construction en Paille sont applicables depuis le 1° janvier 2012 et approuvées par l’Agence Qualité Construction. Elles constituent un cadre technique et normatif reconnu pour réaliser tous types de bâtiments (tertiaires, Établissement Recevant du Public, logements individuels et collectifs, locaux industriels…).

Cette réglementation sur la construction en paille a donné un coup d’accélérateur à l’écoconstruction. En effet, elle permet désormais aux constructeurs et concepteurs de bénéficier d’une assurance décennale auprès des compagnies d’assurance, ce qui leur garantie de pouvoir engager des contrats de construction prévoyant l’usage de la paille comme remplissage isolant et support d’enduits en tant que « technique courante » de construction.

  • Le bois

Les usages du bois concernent principalement les charpentes, les structures, les éléments de façade, les menuiseries intérieures et extérieures, les cloisons, et les revêtements. Puissant capteur de carbone, le bois présente aussi de bonnes performances thermiques, hygrométriques et acoustiques. Il a également des avantages en termes d’esthétisme, de durabilité et de résistance. L’utilisation du bois est aussi économique car les chantiers durent moins longtemps, les maisons sont plus légères et nécessitent donc moins de travail de fondations.

  • La terre crue

La terre est un mélange de grains de différentes tailles dans lequel les argiles, mélangées à de l’eau, constituent un liant. Il existe diverses techniques de construction en terre crue : pisé, bauge, adobes, briques de terre crue compressées, torchis, terre-paille… Elle est également utilisée en enduit intérieur ou extérieur. Il est possible de s’approvisionner à partir des rebuts de carrières et de chantiers locaux, ce qui est peu onéreux, voire gratuit. La transformation a lieu sur place et ne génère pas de déchets. La terre crue est ininflammable et présente une très faible énergie grise .

Sont également présents sur notre territoire des matériaux comme la pierre, qui est un régulateur de température et réutilisable quasiment à l’infini, le chanvre utilisé pour l’isolation et qui pousse très facilement, et enfin le liège issu de l’écorce du chêne qui un bon isolant thermique et acoustique.

Une maison construite de manière écologique contribue à réduire efficacement les impacts environnementaux car elle s’inscrit dans la préservation des ressources naturelles et la diminution des émissions de gaz à effet de serre, tout en gardant un prix raisonnable.
Elle permet également de se préserver des impacts négatifs sur la santé car les artisans utilisent des matériaux propres. Les usagers vont vivre dans un environnement sain, c’est-à-dire autour de matériaux peu émissifs de composés organiques volatiles.

L’énergie que l’on peut éviter de dépenser en faisant de l’écoconstruction, à la fois lorsque l’on construit un bâtiment mais également quand on l’habite, est un levier très important pour arrêter la surexploitation des richesses naturelles. « On est là pour essayer d’inverser la courbe du changement climatique donc de produire des maisons avec un cycle de vie durable : depuis la production des matériaux, jusqu’au recyclage, en faisant les bons choix à chacune de ces étapes pour avoir au final une maison qui aura la plus petite quantité d’émission de gaz à effet de serre. »


Ainsi, conclut Damien, « on sait aujourd’hui que les solutions écologiques existent et qu’elles répondent parfaitement aux besoins. Maintenant, il faut les savoirs faire, et c’est là qu’intervient la formation : on a la solution technique mais il faut absolument former les artisans pour qu’ils soient en capacité de mettre en œuvre les matériaux et de les proposer sur le marché de la construction ».

Le saviez-vous ?

Souvent abrégée « RT », la Réglementation Thermique est un dispositif qui encadre les caractéristiques thermiques des bâtiments neufs. Elle fixe la quantité maximale d’énergie que peut consommer un bâtiment pour être chauffé, éclairé, produire de l’eau chaude sanitaire, être climatisé et ventilé. Après que 5 RT se soient déjà succédées, c’est la RT 2012 qui est actuellement en vigueur. Chacune de ces réglementations thermiques apporte des exigences croissantes en matière d’économie d’énergie, d’isolation du bâti et d’écologie, avec l’utilisation de matériaux et d’énergies renouvelables. À la fin des travaux, une attestation d’application est effectuée par un contrôleur technique, un diagnostiqueur, un architecte ou un organisme certificateur.

La Règlementation Thermique de 2020 prévoit que tous les nouveaux logements construits dès 2020 seront obligatoirement à énergie positive. Pour satisfaire les exigences de la RT 2020, il faut préparer le secteur du bâtiment au concept de l’énergie positive, à la conception et à la réalisation de bâtiments performants.


CONTACT

Centre de formation Batipole
ZI Batipole
11300 Saint-Martin-de-Villereglan
04 68 31 32 15
accueil@batipolelimouxin.com