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Journée mondiale des zones humides : L’eau est indispensable à la vie

Elle est une des composantes essentielle des êtres vivants, autant que des écosystèmes et des sociétés humaines. Les zones humides, comme leur nom l’indique, sont gorgées d’eau, temporairement ou en permanence. Elles jouent un rôle de premier plan dans le cycle de l’eau. Elles stockent l’eau en période d’inondation et la restitue en période de sécheresse. La présence de zones humides et leurs nombres sont garants d’une eau de qualité et peu onéreuse à notre robinet … L’édition 2021 de la Journée mondiale des zones humides (JMZH) à pour  thème « Zones humides et eau», visant à mettre en évidence l’importance des zones humides pour assurer à l’humanité un accès à l’eau en quantité et en qualité suffisante pour assurer son bien-être et celui de la planète.

Sans eau pas de zones humides, sans zones humides pas d’eau

Les zones humides fournissent de l’eau douce pour les usages domestiques, l’irrigation et l’industrie. Chaque année, 3900 km3 d’eau sont prélevés des rivières et des aquifères pour l’agriculture (70%), l’industrie (19%) et l’approvisionnement pour la consommation humaine (11%). (FAO, 2011)

Toutes les zones humides, de la plus ordinaire à la plus remarquable, jouent un rôle dans le cycle de l’eau mais pas toutes de la même façon, ni aux mêmes endroits. Les tourbières et les petites zones humides en tête de bassin versant vont avoir un rôle d’éponge là où les prairies humides et les forêts alluviales vont avoir un rôle d’amortisseurs de crues ; les roselières un rôle de filtre et les lagunes, les mangroves et les marais littoraux, un rôle de bouclier contre la submersion marine.

Véritables « couteaux suisses de la nature », les zones humides sont un rouage vital du cycle de l’eau. La préservation et l’utilisation durable des zones humides sont de véritables « solutions fondées sur la Nature« et doivent être une priorité pour garantir le maintien des services rendus par ces dernières à la société. C’est d’autant plus important que leur protection est 5 fois moins couteuse que la compensation après leur destruction des services gratuits perdus.

Des milieux et des services rendus en danger !

Le développement non durable, la croissance démographique, l’urbanisation et la consommation ont dévasté les zones humides, exerçant une pression insoutenable sur les réserves d’eau douce. La consommation d’eau a été multipliée par six en 100 ans et augmente de 1 % par an. Nous utilisons plus d’eau qu’il n’est possible d’en reconstituer. Nous aurons besoin de 70 % de nourriture et 14 % d’eau supplémentaires pour l’agriculture pour desservir une population mondiale qui devrait atteindre 10 milliards d’individus en 2050. L’utilisation de l’eau dans l’industrie et l’énergie devrait passer à 24 % d’ici à 2050.

La perte et la dégradation des zones humides dues aux modifications de l’utilisation des terres et de l’eau, auxquels s’ajoute le changement climatique, intensifient la crise de l’eau. Près de 90 % des zones humides de la planète ont disparu. Pratiquement toutes les sources d’eau douce sont compromises par la pollution et les agents pathogènes. La fragmentation des cours d’eau et les interruptions du débit par les barrages, les dérivations et la perte de zones humides menacent l’approvisionnement en eau douce. Près de 75 % des catastrophes naturelles sont liées à l’eau.

Cela génère des impacts sur les populations et l’économie. Ainsi, 2,2 milliards de personnes n’ont pas l’eau potable. La perte de zones humides d’eau douce coûte 2,7 mille milliards de dollars par an en services perdus (1997-2011). 3 milliards de personnes ont été frappées par des inondations et des sécheresses au cours des 20 dernières années, causant près de 700 milliards de dollars de dommages économiques. L’insécurité de l’approvisionnement en eau a joué un rôle majeur dans les conflits dans au moins 45 pays en 2017. Des centaines de millions de personnes dans les zones côtières sont davantage menacées par les tempêtes et les inondations en raison de la disparition des mangroves, des marais salants et des herbiers marins.

Cela joue sur la résilience de la planète face aux changements globaux. Une espèce d’eau douce sur trois et un quart de toutes les espèces des zones humides sont menacées d’extinction en raison du déclin des zones humides. Le développement intensif des infrastructures hydrauliques est responsable d’une baisse de 35 % de la biodiversité d’eau douce entre 1970 et 2005. Le changement climatique aggrave la crise des zones humides et de l’eau :

  • diminution significative des eaux de surface et souterraines renouvelables prévue dans les régions déjà sèches d’ici 2050 ;
  • de nouvelles régions seront soumises à un stress hydrique, ce qui exacerbera la concurrence entre les hommes et les écosystèmes.

Que faire pour enrayer ces enjeux ?

L’eau serait moins un enjeu si nous valorisions et gérions mieux les zones humides, les cours d’eau et la ressource en eau – et si nous considérions qu’il s’agit d’une responsabilité collective.

  • Arrêter de détruire, intensifier la préservation et la restauration

La protection, la restauration et l’utilisation respectueuse des zones humides permettra de répondre plus durablement à l’augmentation de la demande en eau. Pour cela il s’agit notamment d’éviter de construire des barrages, de détourner les cours d’eau ou de drainer des zones humides. Dès aujourd’hui nous proposons l’instauration d’un objectif « zéro destruction de zones humides » en remplacement de la séquence Eviter Réduire Compenser qui est dévoyée et ne donne pas de résultats probants quant à l’effectivité de la compensation des milieux détruits. En parallèle nous préconisons d’accroître les investissements pour la protection et la restauration de zones humides en tant que solutions fondées sur la nature pour la gestion des ressources en eau et des risques naturels, qui sont actuellement inférieurs à 1 %.

  • Pratiquer une gestion intégrée des ressources en eau

Pour nous, il est nécessaire et urgent de repenser l’utilisation de l’eau, de la terre et des ressources pour assurer un maximum de bien-être social et économique de manière équitable sans compromettre la durabilité des écosystèmes et dans un objectif de sobriété.

L’industrie peut réduire jusqu’à 50 % sa consommation d’eau. L’agriculture peut produire de la nourriture et préserver les zones humides et la ressource en eau. Les eaux grises peuvent être recyclées et réutilisées à la maison et dans les bâtiments publics et privées.  Le gaspillage alimentaire et aussi gaspilleur d’eau, un travail sur nos habitudes et avec les professionnels de la ferme à la table est nécessaire. Enfin nous militons pour l’intégration de la gestion des ressources en eau dans les politiques et la planification sectorielles aux niveaux local, national et international (exemple dans le cadre de la révision de la Politique Agricole Commune Européenne).

Ils agissent :

  • Convention Ramsar,  un demi-siècle de préservation des zones humides : en 2021, la convention de Ramsar sur les zones humides fête ses 50 ans. Signée par 18 pays le 2 février 1971, en Iran, elle a depuis été ratifiée par de nombreux pays. Ce sont désormais 171 pays qui se sont engagés à préserver les zones humides en inscrivant plus de 2400 zones humides d’importance internationale sur la liste des sites Ramsar ; une surface cumulée équivalente à celle de l’Argentine.
  • 30 000 c’est le nombre d’hectares de zones humides  gérés sur le bassin Adour-Garonne avec l’aide de l’agence de l’eau et de ses partenaires. L’appel à projets 2020, relatif à la « restauration des zones humides de têtes de bassins versants » lancé conjointement par l’agence de l’eau Adour-Garonne, les Régions Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Auvergne Rhône-Alpes, a mobilisé 79 candidatures. 42 lauréats ont ainsi pu être retenus par les membres de l’Entente pour la réalisation de 15 M€ de travaux sur 4 ans qui concerneront plus de 3 000 ha de zones humides, soit 6 fois plus que les objectifs initiaux. Jusqu’à 30 Millions de m3 d’eau seront ainsi stockés et sécurisés.L’agence a édité un document pour tout savoir sur les zones humides du bassin Adour Garonne.
  • Création d’un Conservatoire départemental des zones humides en Haute-Garonne (CDZH31) : Le projet de territoire Garon’Amont a rappelé l’urgence de protéger les zones humides menacées par les effets du réchauffement climatique et la pression humaine. En plus d’être des réservoirs de biodiversité, les zones humides rendent en effet des services importants en terme de gestion de l’eau (rétention des crues, soutien des étiages, filtration) et de cadre de vie (ilot de fraicheur, paysage…). Elles participent ainsi à amortir les impacts du changement climatique. L’objectif du CDZH 31 est de développer la restauration et la préservation des zones humides du département via l’aménagement, la gestion, la valorisation des zones humides par l’accompagnement technique et financier, et via la maîtrise foncière. Les zones humides pouvant être  inscrites au CDZH31 : les zones humides sous maîtrise d’ouvrage départementale, propriétés du Département qui en assure la gestion ; les zones humides d’initiative territoriale. Ces zones humides appartiennent à des collectivités, des associations, des propriétaires privés, l’Etat…qui en assurent la gestion.
  • Les Cellules d’Assistance Technique à la gestion des zones humides (CATeZH) sont des outils territorialisés portés par des structures animatrices dont le rôle est d’accompagner les maîtres d’ouvrages qui souhaitent gérer leurs zones humides. L’Agence de l’Eau Adour-Garonne, à l’initiative des CATeZH, soutient largement les structures porteuses ainsi que l’Europe et les Conseil Régionaux. Tous les types de milieux humides des bassins versants sont concernés : tourbières, prairies humides, mares, étangs, forêts alluviales, etc. Exemple de la CATeZH Garonne dont le territoire d’accompagnement comprend l’ensemble des zones humides du corridor garonnais en Midi-Pyrénées (Haute Garonne et Tarn et Garonne), soit environ 1900 hectares. Ce territoire, dont la majeure partie est en Natura 2000, se compose de zones humides riches et variées telles que bras morts, forêts alluviales, plages de galets ou prairies fluviales.
  • Le Collectif de sauvegarde de la zone humide du Testet (contre le projet de barrage de Sivens) et d’autres associations se constituent pour préserver des milieux humides de la destruction face à des projets discutables environnementalement et socio-économiquement parlant.

Source : http://www.zones-humides.org/theme-de-la-journee-mondiale-des-zones-humides

Image extrait de Zones humides, zones utiles – AERMC, 2016