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Communiqué de 16 associations après la suspension d’arrêtés annuels de pêche sur le bassin de l’Adour fluvial

La SEPANSO des Pyrénées-Atlantiques nous informe qu’une coalition composée de 16 associations a remporté deux victoires juridiques le 22 avril dernier : les arrêtés annuels de pêche aux engins et filets des migrateurs du bassin de l’Adour fluvial (aloses, lamproies et saumons) sont désormais suspendus. Nous relayons ici leur communiqué de presse à ce sujet.

Pour la protection des aloses, des lamproies et des saumons, le jugement en référé 2200485 du 22 avril 2022 du Tribunal administratif de PAU a suspendu l’arrêté fixant les conditions d’exercice de la pêche en eau douce en 2022 pour ces trois espèces migratrices dans le département des LANDES.

Pour la protection des aloses et des lamproies, le jugement en référé 2200597 du 22 avril 2022 du Tribunal administratif de PAU a suspendu l’arrêté fixant les conditions d’exercice de la pêche en eau douce en 2022 pour ces deux espèces migratrices dans le département des PYRÉNÉES-ATLANTIQUES.

Ces suspensions ont été prononcées à la demande des mêmes 16 associations de défense de l’environnement et de protection des milieux aquatiques qui ont obtenu en mars dernier la suspension par le tribunal administratif de BORDEAUX des plans de gestion des poissons migrateurs (PLAGEPOMI) du bassin de l’Adour pour les aloses et les lamproies, et du bassin
Garonne-Dordogne pour les lamproies.

Si l’administration n’a toujours pas tiré la moindre conclusion des suspensions des PLAGEPOMIs, cette fois, la suspension de l’arrêté landais signifie que plus aucun navire ne peut pêcher dans les eaux fluviales de l’Adour en amont du pont d’Urt depuis le 22 avril 2022.

En amont du pont d’Urt, les poissons qui auront la chance de passer sains et saufs à côté des filets des pêcheurs maritimes de l’estuaire pourront espérer frayer sans être inquiétés.

C’est une première depuis des siècles.

Selon les statistiques mensuelles de pêche des 5 dernières années, nous évaluons à plus de 3000 le nombre de poissons grands migrateurs qui seront épargnés pour le seul mois de mai, avec une centaine de saumons, autant de truites, 2000 grandes aloses, 500 aloses feintes et peut être 400 lamproies.

Les contrevenants sont aimablement avertis que les requérants ont d’ores et déjà mobilisé les huissiers pour constater toute infraction sur l’eau.

Cette trêve ne sera que de courte durée. Il n’est pas difficile d’anticiper que l’administration qui, sans aucun complexe, défend becs et ongles la pêche aux engins et aux filets d’espèces en grandes difficultés trouvera moyen de contourner prochainement ces jugements.

Nous serons là pour réagir.

Nous rappelons que les jugements de BORDEAUX ont reconnu la puissance de la directive Habitats, là où le tribunal de PAU ne raisonne qu’avec le seul principe de précaution. Quand les deux raisonnements fusionneront enfin, alors la pêche aux engins et filets de l’Adour aura vécu ses dernières heures.

Ce moment approche. Les requérants incitent fortement les pêcheurs fluviaux à demander officiellement le rachat définitif de leurs droits de pêche.

La situation locale des espèces est la suivante :

  • La lamproie est localement effondrée depuis 10 ans (captures et effectifs divisés par 10). Les activités reproductrices ne sont plus observées. Mais l’administration s’obstine à en autoriser le commerce pour 6 k€ sur l’Adour fluvial et 12 k€ sur l’Adour maritime. Pour comparaison, la lamproie a disparu du bassin Rhône Méditerranée depuis la moitié du XXe siècle. Au cours des 20 dernières années, les individus observés s’y comptent sur les doigts d’une seule main et la dernière reproduction a été observée sur le Gardon … en 2001. Imperturbable, l’administration y autorise toujours la pêche aux engins et filets et la vente.
  • La grande alose s’est effondrée dans le bassin de la Garonne-Dordogne dans les années 2000 et le moratoire décidé APRÈS la dégringolade n’a évidemment pas produit ses effets puisque la population était déjà passée sous un seuil irréversible. L’administration qui doit assumer les disparitions successives dans les bassins girondins de l’esturgeon, du saumon, et de la grande alose compte reproduire aujourd’hui le même exploit dans le bassin de l’Adour où les comptages et les activités reproductrices des aloses ne cessent de décliner.
  • Les effectifs de saumon du bassin de l’Adour ne se maintiennent qu’artificiellement grâce aux 1000 poissons du Gave de Pau tous issus de l’alevinage qu’il est prévu d’arrêter en 2027. Seuls 400 de ces poissons seraient capables de se reproduire de façon autonome et on ne sait pas du tout ce qu’il en restera une fois l’alevinage stoppé. Les trois autres sous-bassins (Saison, Nive et Nivelle) sont en situation très péjorative voire catastrophique (Nivelle). Le sous bassin principal du Gave d’Oloron résiste mais les frayères fondamentales de l’Ossau sont menacées par un déficit sédimentaire lié aux barrages et aussi par un projet assassin de carrière dans le bois du BAGER. Dans un document cinglant du 21 septembre 2021, l’Office Français de la Biodiversité a magistralement démontré que les prélèvements en 2016, 2017 et 2018 sont excessifs et empêchent le rétablissement de la population de salmonidés.

Après la suspension du PLAGEPOMI et des arrêtés annuels fluviaux, il ne reste plus qu’à abroger l’arrêté du 28 octobre 2009 qui organise la pêche maritime des poissons migrateurs dans l’estuaire de l’Adour. L’instruction de cette affaire, initiée de longue date par DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES est close depuis cinq mois. L’audience est imminente.

Les membres de la coalition sont par ordre alphabétique :

Contact presse :

Philippe GARCIA 07 82 46 99 03 président de DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES