Actualités

Immersion dans le jardin partagé de l’île du Ramier à Toulouse

Genèse du jardin

Le collectif du Ramier est un groupement d’associations et d’adhérent.e.s individuel.le.s préexisant depuis des années et qui s’est constitué plus formellement en parallèle des concertations organisées par la Mairie de Toulouse dans le cadre de son projet de réaménagement de l’île du Ramier. Le but du collectif est de préserver et mieux faire connaître ce « poumon vert » de la ville.

Plusieurs visions existent, des associations défendant l’objectif de garder le plus possible le caractère sauvage de ce territoire de vraie nature en ville, tout en la rendant plus facilement compréhensible et accessible, alors que la Mairie porte un projet plus interventionniste et aménagiste de l’île, en en faisant un argument de premier plan pour la réélection du maire sortant, Jean-Luc Moudenc, lors de la campagne pour les élections municipales de 2020.

Pour aller vers une meilleure connaissance de l’île du Ramier et son ouverture aux habitant.es, tout en respectant quatre fondements (activité associative, pratiques sportives, respect de l’environnement, émulation culturelle), diverses associations ont fait part d’idées et d’envies et ont présenté des plans pour la dynamisation des lieux, notamment dans le cadre de la renaturation de l’ancien Parc des expositions. C’est à ce moment-là, soit au début de l’année 2018, que ces acteurs associatifs et citoyen.nes, une centaine au total, se sont constitués en collectif. Une association de gestion, la Fédér’Action du Ramier (FAR), porte les aspects administratifs et financiers du collectif. Après de longs échanges, parfois vifs, la Mairie a décidé en 2019 de confier au collectif une petite parcelle de terre, dans l’EcoParc de la Poudrerie. FNE Midi-Pyrénées est alors entrée dans le collectif dans le but d’y apporter une vision cohérente d’ensemble et des solutions pratiques en termes de respect de la nature et de l’environnement.

Le jardin du collectif du Ramier, qu’est-ce que c’est ?

Aujourd’hui, le jardin fourmille de vie – littéralement et métaphoriquement. Il est partagé en différents espaces dont le dénominateur commun est la permaculture : pas de pesticides ni d’intrants chimiques ici, les espèces locales sont privilégiées, l’irrigation est optimisée. En effet, en déambulant dans l’EcoParc de la Poudrerie, on a de grandes chances de tomber sur un espace qui semble, vu de loin, laissé en friche. Ce rectangle de hautes herbes, parsemé de quelques arbres, attire le regard et si l’on est curieux.se, on se retrouve à pousser le portail, pour y entrer, respectueusement.

À droite de l’allée, on trouve les parcelles dédiées aux jardinier.es bénévoles du collectif. Elles sont toutes attribuées : la demande est forte. À gauche, ce sont des associations qui ont pris place ; certaines travaillent à la réinsertion de personnes en difficulté, d’autres à l’accueil et l’accompagnement de migrant.es. On passe une table à l’ombre de trois pêchers – c’est l’un des endroits conviviaux du jardin – et toujours en suivant l’allée centrale, on navigue en bordure de nouvelles parcelles tenues par d’autres bénévoles (la plupart font la part belle aux légumes, les autres aux fleurs) et d’espaces consacrés à des réalisations communes : un cœur géant et une structure en bambou.

En face, deux parcelles sont laissées aux mains de la nature : l’une n’a jamais été fauchée ni foulée depuis l’installation du collectif sur ce lieu, l’autre n’a pas été tondue depuis août 2021 (au moment de l’écriture de cet article, en juillet 2022). Ici, les insectes s’en donnent à cœur joie. Ces carrés d’herbes folles les attirent, leur offrent nourriture, refuge et habitat, et de là, ils sont susceptibles de rendre visite aux cultures voisines. La principale raison d’être de ces zones de friche réside donc dans ces relations interspécifiques, souvent bénéfiques pour les plantes comme pour les insectes.

Une série de vidéos pour «  donner un peu plus d’égard aux êtres vivants »

C’est dans ces espaces qu’est tournée une série de vidéos initiée en avril 2021. Celle-ci s’intéresse justement aux interactions entre les insectes et la flore présente sur place. Elle est réalisée par deux bénévoles du collectif, tous deux naturalistes amateurs. Karine est dessinatrice et conçoit les productions graphiques du jardin. Laurent, membre de l’association Nature En Occitanie, s’occupe quant à lui de collecter les images et de les monter.

Laurent attire notre attention sur la nécessité de telles interactions interespèces : observer par le biais de ces vidéos « la faune et la flore qui côtoient les parcelles potagères » permet à tout un chacun d’« apprendre à mieux considérer ces auxiliaires invisibles dont notre vie humaine dépend ». Ces interactions sont rares voire inexistantes dans les modes de culture où la nature est réprimée – pensons tout simplement aux pollinisateurs confrontés aux néonicotinoïdes et autres produits tueurs.

Ces vidéos sont réalisées par des naturalistes amateurs et font partie d’une démarche plus large de création d’outils et de sensibilisation à l’importance d’une biodiversité riche. Des fiches sont également confectionnées par le collectif et l’ensemble de ces outils est destiné à être partagé à différents publics, dans des contextes variés (dans le jardin, à l’école, sur Internet), afin de servir de levier à la discussion, à l’échange et au savoir.

Et Laurent de conclure : « Chaque épisode cherchera à donner un peu plus d’égard aux êtres vivants du jardin ».

Au début du mois de juillet 2022, des vidéos sont sorties, avec chaque fois un zoom sur une relation insecte-plante différente :