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Colloque “L’EAU, UNE CHANCE POUR L’OCCITANIE” : des déclarations affligeantes

Le Ministre de l’agriculture Marc Fesneau et le président du CESER Occitanie Jean-Louis Chauzy ont profité de la tribune offerte par le colloque “L’EAU, UNE CHANCE POUR L’OCCITANIE” à Narbonne (11), le 6 décembre 2023, pour propager des idées simplistes et démagogiques sur la gestion de l’eau. Parce que “L’eau qu’utilisent les agriculteurs c’est pour nous nourrir ! »  (Marc Fesneau) toutes autres considérations écologique et de partage des différents usages seraient sans valeur. Nous récusons ces idées autant que la rhétorique employée, aux outrances assumées et au verbe volontiers guerrier.

Une attitude désinvolte de nature à exacerber les tensions

Alors qu’aucun représentant des organisations de défense de l’environnement n’était invité sur le plateau, et en l’absence de modération, les présents ont témoigné d’une ambiance surfant sur la dérision des “écologistes”. La présentation des bassines type Sainte-Soline par le ministre de l’agriculture comme un “modèle vertueux”, n’a fait qu’ajouter au cynisme ambiant. Mais le point culminant a été l’intervention de Jean-Louis Chauzy, réécrivant l’histoire de la mort de Rémi Fraisse pour la justifier au nom de l’Etat de droit, là où il a été bafoué. Jeune botaniste membre du mouvement FNE, Rémi a été tué par les forces de l’ordre lors d’une manifestation pour l’arrêt de la destruction illégale de la zone humide du Testet (barrage de Sivens). Des propos tout aussi indécents sur la responsabilité des parents de Rémi dans sa mort ont été tenus par le président du CESER en assemblée plénière de la région Occitanie du 14 décembre 2023 (à partir de 01:07:05). Ce manque de respect envers sa mémoire, sa famille, et son combat d’intérêt général (le respect de l’état de droit environnemental) nous est profondément insupportable. Il s’agit d’une faute politique qui doit être sanctionnée.

Toujours plus d’irrigation, un modèle vertueux ?

Les interventions de ce colloque ont été très majoritairement à la gloire du technosolutionnisme, sans considération pour les études scientifiques et les planifications existantes (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux-SDAGE, documents cadre à l’échelle des bassins versants…) qui alertent sur l’écueil d’une dépendance accrue à l’irrigation dans un contexte de réduction inéluctable de la ressource parallèlement à l’augmentation des températures.
Le potentiel réel de stockage artificiel d’eau et de réutilisation des eaux usées, sans compromettre la santé des écosystèmes, est faible. Les millions investis ne feront pas pleuvoir ! Cette réalité déjà constatée dans les Pyrénées-Orientales implique surtout et avant tout un arrêt des gaspillages, et une sobriété des usages.

De l’eau, mais pour quoi faire ?

La raréfaction de la ressource, les limites techniques et financières du déploiement de nouvelles infrastructures, leurs impacts environnementaux et les inégalités sociales qu’elles génèrent, doivent amener en priorité, non pas à déroger au droit, obtenir des règlementations “plus souples”, ou passer outre la gouvernance de l’eau, mais à revoir en profondeur nos pratiques agricoles et consuméristes. L’agriculture conventionnelle n’est ni durable ni garante de la souveraineté alimentaire.
En particulier, en Occitanie, nous devons questionner la priorité des usages agricoles, non alimentaire comme la viticulture, en situation excédentaire chronique, ou encore la maïsiculture pour l’alimentation animale. Cette tâche est effectivement beaucoup plus difficile que de faire des discours populistes promettant la lune et caricaturant les écologistes.