Dans notre premier article, nous avons exploré le mode d’action des perturbateurs endocriniens sur le corps humain ainsi que leur histoire.
Nous allons maintenant voir les conséquences de ces substances sur l’environnement et la santé, avant de conclure en montrant que des solutions existent pour limiter notre exposition. De plus, nous avons créé une exposition dédiée aux perturbateurs endocriniens, afin de sensibiliser aux gestes et bonnes pratiques à adopter dans la vie quotidienne.
Effets sur l’environnement
Les perturbateurs endocriniens se dispersent dans l’environnement et contaminent notamment certains cours d’eau. Les populations d’animaux sauvages subissent des effets néfastes tels que des dysfonctionnements de la thyroïde, une baisse de la fertilité, des malformations congénitales, la féminisation des mâles, des anomalies comportementales ainsi que des déficits immunitaires.
Concernant la qualité de l’air, ATMO Occitanie se lance dans une étude exploratoire de 3 ans pour connaître les perturbateurs endocriniens présents dans l’air et ainsi diminuer leurs sources de pollution. Cette étude est une première en France, elle concernera 2 sites urbains (dont Toulouse), 1 site urbain sous influence d’activités industrielles et 2 sites agricoles. Après une phase de diagnostic réalisé entre 2022-2023, ATMO a répertorié 46 molécules perturbateurs endocriniens sur les 56 recherchés. Les 3 principales familles étant les phtalates, les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) provenant souvent de la combustion incomplète de matières organiques (carburants, bois, tabac) et les alkylphénols, présents dans les détergents, produits industriels, produits de nettoyage.
Cette étude va notamment permettre de quantifier la présence des perturbateurs endocriniens dans l’air ambiant, d’analyser les variations au cours de l’année et évaluer à terme les conséquences de l’exposition sur la population. Toute l’étude de faisabilité est à retrouver ici.
Effets sur la santé
Les effets se manifestent surtout sur la génération suivante et non chez les parents exposés, il est donc difficile de déterminer la cause. La période d’exposition la plus critique est la période embryonnaire, on parle notamment des 1000 premiers jours, phase de conception jusqu’au 2 premières années de l’enfant, ou encore des 1400 premiers jours, avant la période de conception.
Entre 1948 et 1977, un médicament de synthèse, le distilbène, est utilisé pour prévenir les fausses couches et les accouchements prématurés. De nombreuses femmes dont les mères qui ont ingéré cette hormone de synthèse sont particulièrement touchées par le cancer du vagin et diverses malformations de l’appareil reproducteur, par des grossesses anormales ou des modifications de la réponse immunitaire. Le distilbène a été reconnu depuis comme étant un perturbateur endocrinien et ses effets se retrouvent encore chez les petits enfants des femmes concernées initialement.
De nombreux problèmes de santé émergents sont étudiés en raison des expositions aux perturbateurs endocriniens mais cela nécessite du temps et un large panel d’individus.
Une étude réalisée par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) en 2017, sur plus de 500 petits garçons (cohorte EDEN), révèle qu’une exposition pendant la grossesse à certains perturbateurs (phtalates, phénols) est associée à des troubles du comportement chez les garçons entre 3 et 5 ans. (hyperactivité, troubles émotionnels et troubles relationnels)
Selon les résultats, les substances les plus concernées sont notamment le bisphénol A, pourtant interdit dans les contenant alimentaires depuis 2015, le triclosan, le DBP (dibutyl phthalate) utilisé comme plastifiant type PVC, certaines colles, vernis à ongle ou encore laque pour cheveux. Une étude est en cours chez les petites filles.
Dans les produits alimentaires, ces composés sont réglementés, par ailleurs les résultats démontrent que les expositions mêmes faibles, probablement inférieures que les normes autorisées par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) poseraient problèmes.
Attention à l’effet cocktail : Selon une étude réalisée par l’INSERM, étudier les substances « individuellement » sous-estime le risque lié à leurs expositions simultanées, particulièrement chez les femmes enceintes. Ce qu’on appelle l’effet cocktail c’est donc le mélange des différentes substances dans l’organisme et les effets potentiellement exacerber.
Solutions et alternatives pour éviter les perturbateurs endocriniens
Dans la cuisine
- Préférez une alimentation saine et sans pesticides.
- Utilisez des contenants alimentaires en matériaux inertes, comme l’inox ou le verre.
- Ne réchauffez jamais les aliments dans des contenants en plastique.
- Optez pour des poêles en inox, fonte ou céramique, car les revêtements en PFAS (présents dans certains antiadhésifs) sont également des perturbateurs endocriniens.
- Évitez les ustensiles et contenants en plastique.
Pour les enfants
- Préférez les ustensiles (assiettes, couverts) en inox plutôt qu’en mélamine, bambou ou bois non certifié. Pour les biberons, privilégiez le verre ou l’inox, et si vous utilisez du plastique, évitez de chauffer à haute température.
- Optez pour des couches jetables labellisées ou des couches lavables, car certaines couches peuvent être contaminées par des pesticides.
Dans la salle de bain
- Choisissez des cosmétiques simples, bio et certifiés avec des labels comme “Éco-cert” ou “Nature et Progrès”.
- Pour les produits menstruels, privilégiez les culottes ou serviettes réutilisables en coton bio non traité, sans allégation de neutralisation d’odeurs.
Pour les produits ménagers
- Utilisez des produits ménagers naturels et non toxiques comme le bicarbonate de soude, le vinaigre blanc et le savon noir.
Retrouvez tous ces conseils lors de notre exposition sur les perturbateurs endocriniens. Vous avez également la possibilité de louer ou d’acheter cette exposition pour vos animations : catalogue disponible ici. Le jeu “Cocktail Mortel”, axé sur les perturbateurs endocriniens, est également disponible à la location ou à l’achat pour vos événements.
Contact : Lisa Bonal et Léonie Wolck
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