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PARTAGE DE L’EAU : LES ASSOCIATIONS MENACÉES POUR LEURS ACTIONS

Le tribunal administratif de PAU a annulé le 3 février 2021 une Autorisation Unique Pluriannuelle (AUP) de prélèvement des eaux du bassin de l’Adour à des fins agricoles (délivrée en 2017 pour 5 ans). Certains agriculteurs apparemment au-dessus des lois s’en prennent aux associations porteuses de ce recours qui agissent pourtant au nom de l’intérêt général (SEPANSO 40 – FNE 65 – FNE Midi-Pyrénées – AMIS DE LA TERRE 32). 

A TARBES, faute de locaux à saccager, les agriculteurs manifestent devant … la boîte aux lettres de l’association Nature Environnement 65 située dans les locaux de la BIOCCOP Grand Pic. Paradoxal et ridicule quand on sait l’attention particulière qu’accorde cette enseigne aux producteurs locaux.

Voir notamment : https://www.lasemainedespyrenees.fr/2021/03/22/video-tarbes-lavertissement-des-agriculteurs-a-fne-65-et-a-letat/

Contrairement aux propos tenus dans la presse, les associations environnementales ne s’acharnent pas sur les agriculteurs mais c’est dans un esprit d’intérêt général, de respect des usages de l’eau, de sa qualité et dans la perspective d’une transition agroenvironnementale qu’elles font en sorte que la loi soit a minima respectée.

Le recours au tribunal administratif tout en ayant fait au préalable l’objet d’un recours gracieux resté sans réponse, est un moyen légal inhérent à la démocratie. Les associations environnementales ne font pas les lois !

Pourquoi cette autorisation a été annulée?  

Cette autorisation permettait de prélever plus de 280 millions de mètres cubes par été (étiage) et 65 millions de mètres cubes en hiver (hors étiage). Or tous les organismes consultés dans ce dossier ont relevé que l’important déficit quantitatif en eau de ce bassin, serait maintenu voire aggravé par cette demande. L’eau manque et ne peut être accaparée par certains. 

Un chiffre parmi d’autres pour illustrer le problème : 141 rivières sur les 222 concernées sont dans un mauvais état écologique. La situation ne doit pas être aggravée en autorisant à toujours prélever plus sans faire des économies d eau et sans avoir une réflexion globale sur les cultures et les pratiques agricoles pour limiter l’impact sur les milieux et ressources en eau dans le contexte toujours plus présent du changement climatique. 

FNE Midi-Pyrénées, FNE 65, Les Amis de la Terre 32 et la SEPANSO 40 ont gagné leur recours devant le tribunal administratif de PAU pour deux raisons : 

  • d’une part, la violation du schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) Adour Garonne et notamment ses objectifs de non détérioration et d’atteinte du bon état des eaux exigés par le droit de l’Union européenne ; 
  • et d’autre part, la méconnaissance du principe de gestion équilibrée de la ressource en eau compte tenu de l’aggravation du déficit provoqué par cette autorisation 

Malgré ces forts enjeux, la justice a fait preuve de clémence en laissant le temps à Irrigadour de régulariser la situation sans compromettre la viabilité économique du secteur. 

S’en prendre aux associations, c’est se tromper de cible 

L’impunité historique d’une partie de la profession agricole, qui se livre régulièrement à des dégradations et diffamations, voire des menaces (ce qui fut le cas pour le président de la SEPANSO 40 la semaine dernière), les conduit à privilégier ces comportements comme seul mode d’expression. Nous le regrettons et pensons qu’ils se trompent de cible.  

La PAC (politique agricole commune), des endettements élevés, la concurrence déloyale de certaines importations, des rétributions insuffisantes de la grande distribution, des modes de consommation qui évoluent et désormais le réchauffement climatique qui s’invite dans la problématique de l’eau sont les causes réelles des problèmes de l’agriculture française. L’écolobashing est aisé mais inutile pour remédier à cela. 

La situation économique difficile des agriculteurs est structurelle et multifactorielle. Et sur ce sujet des prélèvements d’eau, force est de constater que depuis des dizaines d’années, le choix a été fait par un nombre important d’agriculteurs de privilégier des cultures dépendantes d’une irrigation très soutenue. Ces pratiques ne peuvent plus durer, les ressources en eau disponibles ne peuvent tout simplement pas le supporter.