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Autoroute CASTRES-TOULOUSE (A69) : « un projet à contre sens » dont l’enquête publique débutera ce 28 novembre

Dernière étape avant la délivrance de l’autorisation environnementale puis le commencement des travaux, une procédure d’enquête publique est organisée du 28 novembre 2022 au 11 janvier 2023. Une commission d’enquête composée de 7 commissaires enquêteurs assurera les échanges avec le public avant de remettre ses conclusions motivées dans un délai de 30 jours après la clôture de l’enquête. FNE Midi-Pyrénées et de nombreuses associations locales participeront activement à cette enquête publique. Mais cette consultation doit permettre au plus grand nombre de citoyen.ne.s de pouvoir exprimer leur opinion sur ce projet autoroutier.

Une enquête publique portant sur deux dossiers de demande d’autorisation environnementale

Le projet de liaison autoroutière entre Toulouse et Castres qui s’étend sur 62km, se décompose en deux opérations :       

  • l’opération d’élargissement à 2 X 2 voies A 680 (concessionnaire société ASF) entre Castelmaurou et Verfeil déclarée d’utilité publique par arrêté préfectoral du 22 décembre 2017 ;
  • l’opération de création d’une liaison à 2 X 2 voies A 69 (concessionnaire société ATOSCA) entre Verfeil et Castres déclarée d’utilité publique par décret n° 2018-638 du 19 juillet 2018.

Cette enquête publique portera donc sur les dossiers présentés par ces deux sociétés (contenant notamment une évaluation environnementale), mais aussi les avis exprimés durant l’instruction par les organismes consultés : l’autorité environnementale (AE), les collectivités territoriales, le Conseil national de protection de la nature (CNPN), etc.

Ce dossier sera consultable sur les sites internet des préfectures concernées dans les mairies concernées mais aussi en papier durant les périodes de permanences. Toutes les modalités de participation sont détaillées dans l’avis au public.

Un projet autoroutier particulièrement critiqué par les organismes indépendants consultés

De longue date, notre fédération s’oppose à ce projet qui entraînera la consommation de 400 hectares d’espaces naturels et agricoles, détruira différents milieux et zones humides ainsi que des dizaines d’espèces protégées qui y sont inféodées, pour un gain de temps sur le parcours, estimé entre 12 et 15 minutes…

Mais récemment, ce sont bien les organismes experts et indépendants consultés sur le dossier qui ont exprimé d’importantes critiques sur la qualité de l’évaluation environnementale proposée.

Tout d’abord, l’Autorité environnementale chargée d’émettre un avis sur la qualité des évaluations environnementales a relevé de nombreuses lacunes du dossier :

« L’étude d’impact comporte encore de nombreuses lacunes en ce qui concerne les impacts sanitaires, les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. L’analyse des variantes ne considère que le mode routier sans exploration suffisante de solutions de substitution raisonnables moins carbonées et moins consommatrices d’espace. De façon générale, ce projet routier, initié il y a plusieurs décennies, apparaît anachronique au regard des enjeux et ambitions actuels de sobriété, de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et de la pollution de l’air, d’arrêt de l’érosion de la biodiversité et de l’artificialisation du territoire et d’évolution des pratiques de mobilité et leurs liens avec l’aménagement des territoires »        

Pour leur part, les experts de la biodiversité du CNPN indiquent dans leur avis défavorable :

« Ce dossier s’inscrit en contradiction avec les engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique, d’objectif du zéro artificialisation nette et du zéro perte nette de biodiversité, ainsi qu’en matière de pouvoir d’achat. L’absence de solutions alternatives satisfaisantes prête à débat, et les arguments du pétitionnaire ne sont pas convaincants. La co-existance de l’actuelle RN126 et d’une nouvelle autoroute accroît les ruptures de continuités écologiques, la destruction des habitats et l’artificialisation du territoire. L’élargissement de l’infrastructure existante (RN126) constituerait probablement une solution de moindre impact plus acceptable et raisonnable.»

En conclusion, Cécile ARGENTIN, Présidente de FNE Midi-Pyrénées ajoute que :

« A la lecture de ce projet c’est la sidération qui s’impose ; certains n’ont-ils toujours pas compris que les temps ont changé ? Que les autoroutes ne sont plus une fin en soi à fortiori pour déverser des hordes de véhicules vers la ZFE de Toulouse (zone de faible émission) qui fait tout pour ne plus en avoir dans son périmètre… 62 km de 2×2 voies n’est pas l’avenir d’un territoire, c’est au contraire le diviser irrémédiablement, émietter ses terres agricoles, en détruire ses atouts, ses continuités écologiques et sa richesse biologique. De nombreux citoyens auraient fait d’autres choix, celui d’un développement local plus cohérent, de transports en commun, avec plus de sobriété dans les aménagements… Non une autoroute n’est pas un projet structurant., c’est un projet d’un autre temps ! »