La société LAFARGE CIMENTS, qui exploite une carrière de plus de 100 ha sur la commune de Martres-Tolosane, vient de se voir accorder le renouvellement de cette exploitation (56 ha sont en cours d’exploitation sur les 92 exploitables) et son extension sur 15,6 ha. Connu de tous les naturalistes locaux, ce secteur dit des « Petites Pyrénées » est classé en réservoir biodiversité, notamment du fait d’importantes populations locales d’une plante protégée, l’Iris à feuilles de graminée. Cette nouvelle extension du site vient mettre en péril son état de conservation dont plus de 5000 tiges seront détruites pour l’extraction de calcaires, argile et marnes. Explications.
Une carrière qui ne cesse de s’étendre sur des milieux naturels remarquables
Autorisé à exploiter ce site depuis le 16/05/2003, le carrier a déjà obtenu deux autorisations d’extension, lui permettant notamment d’alimenter sa cimenterie située sur la même commune.
En juillet 2024, elle a déposé une demande pour s’étendre vers l’ouest sur 15,6 ha. Durant l’instruction de cette demande, tous les organismes consultés ont émis de fortes réserves sur l’incidence attendue sur les espèces protégées inventoriées dans ce secteur, classé réservoir de biodiversité.
D’ailleurs, la mission régionale de l’autorité environnementale ne s’y trompe pas dans son avis du 27 septembre 2024 :
C’est donc un site abritant un patrimoine naturel absolument remarquable de faune et de flore, dans une mosaïque d’habitats dans des états de conservation contrastés et sujets à des transformations liées aux changements d’affectation et de pratique (ex. abandon du pastoralisme et carrières) où les enjeux environnementaux les plus forts se situent à l’ouest de la carrière actuelle, dans la zone d’extension
Une autorisation qui ne permettra pas de maintenir l’Iris graminae, dans un bon état de conservation
Durant l’enquête publique qui s’est tenue du 14/04 au 15/05/2025, nos trois associations avaient déposé des observations circonstanciées très défavorables compte tenu des impacts provoqués par cette exploitation.
Effectivement, comme l’indique l’étude d’impact de ce projet, l’Iris à feuilles de graminée est « une espèce rare en France dont l’un des foyers se situe sur la zone d’étude avec des densités de populations considérables« . Tout en admettant ne pas pouvoir inventorier le nombre de tiges présentes sur la zone prévue à l’extension, il est estimé à 5000 le nombre qui seront détruites, soit 13,2 ha d’habitats favorables cette plante.
Pour Cécile ARGENTIN, Présidente de FNE Occitanie Pyrénées :
Une fois encore la destruction prévaut sur la préservation des espaces naturels sans aucune considération pour la valeur patrimoniale des espèces. Dans le cas présent, un site exceptionnel sur le plan national. L’extension permanente des carrières, corolaire de la poursuite des aménagements routiers disproportionnés génère beaucoup d’impacts négatifs sur la biodiversité et les nappes phréatiques. Pouvons nous imaginer indéfiniment à ce point continuer d’extraire des matériaux de nos sols vivants ?

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