Communiqués / Avis

Signature du Pacte Gagnant/Gagnant sur l’avenir de la place aéroportuaire de Toulouse-Blagnac

21 Mars 2024, Préfecture de la Haute-Garonne

France Nature Environnement Occitanie Pyrénées a signé, aux cotés des 36 autres signataires, le pacte Gagnant/Gagnant qui concrétise le travail collectif réalisé durant 18 mois (Janvier 2022 à Juillet 2023) à l’occasion de la tenue de l’Atelier des territoires concernant l’avenir de la plateforme aéroportuaire de Toulouse-Blagnac.

C’est la 1ère fois à Toulouse qu’un atelier de ce type a été organisé, réunissant les représentants de l’Etat et des administrations territoriales, des collectivités territoriales, du CESER, de la CCI et des syndicats de professionnels et de salariés, ainsi que les représentants du monde associatif (CCNAAT, FNE OP, UCQ et PAD).

Pourquoi cet atelier ?

Une situation de blocage existe depuis de nombreuses années concernant l’aéroport de Toulouse-Blagnac et les nuisances très importantes qu’il occasionne à une grande partie de la population toulousaine vivant sous ou à proximité immédiate des couloirs aériens (bruits, pollution atmosphérique, santé), avec en exergue la problématique non résolue des vols de nuit de plus en plus nombreux.

L’atelier a permis des contacts et des échanges directs entre l’ensemble des participants, la prise en compte de certains des apports et modifications formulés par les associations (dont celles de FNE OP, dans le tableau final des 85 engagements regroupés autour de 7 thématiques traitées), la reconnaissance d’un « développement durable » qui doit être mieux défini pour prendre en compte les 9 « limites planétaires ».

En signant ce pacte, nous nous sommes engagé à poursuivre le travail commencé en 2022 et 2023, tout en ayant la possibilité de nous retirer du process A TOUT MOMENT si nous estimons que les conditions de travail ne sont plus satisfaisantes et ne répondent plus à nos attentes.

En effet, tout reste très fragile !

Un certain nombre d’inquiétudes et de déceptions est apparu tout au long de cet atelier :

  • Une disproportion trop importante entre les enjeux économiques (très dominants), les enjeux sociaux, les enjeux Santé (bruit et pollution atmosphérique…) et les enjeux environnementaux, climat et biodiversité (évoqués à la marge)
  • Les questions du climat, de la préservation de la biodiversité et des sols, de la gestion de l’Eau, de l’impact environnemental des activités humaines ne sont encore considérées par de nombreux participants que comme des « variables d’ajustement » (qu’il faut bien intégrer sous la pression régalienne et législative, comme le Zéro Artificialisation Nette – ZAN), et non comme devant être AU COEUR de toutes les décisions qui sont et seront prises à l’avenir
  • La sobriété doit être un des leviers d’action majeur pour tout ce qui touche à l’aménagement des territoires, l’énergie, l’eau, la construction, la production de biens et services et l’ensemble des activités humaines si on veut respecter les objectifs fixés par les COP et les différentes lois-cadre concernant la préservation du climat et de la biodiversité. Il faut reconnaître qu’à ce jour, ce levier n’est pas ou peu pris en compte
  • L’impossibilité manifeste de continuer à agir comme pendant les 80 dernières années et le changement de paradigme que cela entraîne. Le contexte planétaire a profondément changé à ce jour, avec le dérèglement climatique, illustré par des événements climatiques de plus en plus extrêmes (sécheresses répétées, canicules, violence et récurrence des tempêtes,…), l’effondrement de la biodiversité, l’artificialisation exponentielle des sols et leur dégradation, l’obligation de réduction d’utilisation des énergies fossiles, la disponibilité limitée des ressources (sols, énergie, forêts, eau,….). Or, à ce jour, nous ne constatons pas dans ce pacte de véritable volonté de changement et de prise en compte globale de cette réalité
  • La nécessité d’appréhender le concept de « développement durable » comme devant pleinement intégrer l’ensemble des paramètres qui permettront de mesurer l’impact environnemental et climatique de toute activité humaine et économique, sans oublier la question de la santé de ceux qui habitent sur les territoires les plus impactés par le trafic aérien et qui sont les premières et principales victimes d’un développement aérien insuffisamment maîtrisé à ce jour
  •  La nécessaire mise à plat du développement économique et financier du trafic aérien, qui doit tenir compte et intégrer les impacts causés sur le climat, les ressources énergétiques et surtout la santé des habitants  

Malgré ces importantes réserves et notre scepticisme sur une issue vertueuse et bénéfique pour le bien commun, nous avons décidé de rejoindre le pacte gagnant-gagnant.

Il nous semble important que France Nature Environnement Occitanie-Pyrénées continue  à porter sa vision et à être force de proposition pour ses idées et ses solutions sur les thématiques qui lui sont chères au côté des autres acteurs et associations engagés afin de peser sur les débats et participer à la prise de conscience de l’urgence à agir.

Urgence à agir pour préserver notre planète à l’échelle de notre territoire, faire évoluer nos modes de vie vers plus de sobriété et moins de dépendance aux énergies fossiles (et autres) en intégrant de nouveaux modèles de développement plus respectueux de notre environnement, tout en mettant  les enjeux de santé au cœur du débat.

Les objectifs sont élevés, mais ils nous semblent atteignables pour peu que l’ensemble des parties prenantes s’accordent tout d’abord sur un diagnostic partagé, puis sur un plan d’actions consensuelles.